Le Bouche à Oreille : un déjeuner qui cherche encore sa voix

En route pour un séjour dans la Loire, nous décidons de faire halte le temps d’un déjeuner au restaurant Le Bouche à Oreille, situé dans l'hôtel la Maison des Blés. À l’arrivée, le lieu peine à séduire : un parking sans âme, un bâtiment au style moderne, loin de l’image chaleureuse et prometteuse que la lecture du menu nous avait laissée entrevoir.

À l’intérieur, l’ambiance reste dans la même veine. Le décor, contemporain mais sans caractère, manque de cette identité que l’on attend d’un restaurant qui ambitionne une cuisine gastronomique. L’atmosphère ne raconte rien, ne crée aucune connivence avec ce que le nom du restaurant pourrait suggérer : partage, surprise, bouche-à-oreille culinaire.

Le service est assuré par une équipe jeune et manifestement débutante, dont la bonne volonté ne suffit pas à compenser le manque d’aisance et de précision. Les sourires sont là, certes, mais les maladresses s’accumulent : manque de rythme, hésitations dans les explications, gestes peu assurés. Une prestation sympathique mais perfectible, surtout pour un menu à 48 €.

Heureusement, la mise en bouche redonne un peu d’élan : un velouté de lentilles, servi avec une chips croustillante. Une belle texture, des saveurs douces et bien équilibrées, qui ouvrent l’appétit avec justesse. Ce premier pas nous donne espoir.

L’entrée se veut audacieuse : gambas, roll de poireaux, clémentine et abricot confits, accompagnés de salicorne, pickles et d’une sauce mentholée. Une assiette complexe, peut-être trop. Chaque élément, pris isolément, est bien exécuté. Les gambas sont cuites à la perfection, les légumes bien travaillés, mais l’ensemble manque de lisibilité. Les saveurs s’entrechoquent sans vraiment s’accorder, et l’ensemble laisse une impression confuse.

Le plat principal, un porc confit accompagné de choux de Bruxelles, est quant à lui plus sobre. La cuisson est bien menée, l’assaisonnement juste, mais le plat manque d’émotion. Aucun relief, aucune surprise. Une assiette qui se mange sans heurt, mais aussi sans véritable plaisir ni souvenir.

Nous choisissons de terminer avec le fromage, espérant une sélection à la hauteur de la richesse fromagère locale. Le plateau est correct, mais la dégustation reste banale. Des choix convenus, des saveurs attendues. Rien de déplaisant, mais rien qui éveille les sens.

Le repas se termine sur un café insipide, dernière note dissonante d’une expérience qui n’aura jamais vraiment trouvé son ton.

Le Bouche à Oreille donne l’impression d’un lieu en quête d’identité, qui effleure l’originalité sans jamais oser l’embrasser pleinement. La cuisine oscille entre classique timide et créativité mal maîtrisée, et le cadre comme le service peinent à créer une expérience cohérente.

Un déjeuner ni catastrophique ni marquant, qui laisse derrière lui le souvenir d’un potentiel sous-exploité. Une escale dont on attendait davantage, et dont il ne restera malheureusement pas grand-chose.

Une halte prometteuse sur le papier, mais qui peine à trouver son ton en salle comme en cuisine.