L'abbaye de Fontevraud : chronique d'un festin lunaire
- Loire
- 13 janv.
- 2 min de lecture

Ce soir, nous partons découvrir le restaurant gastronomique niché au cœur de l’Abbaye de Fontevraud. Dans le cloître baigné d’une lumière douce, le chef Thibaut Ruggeri compose une ode à la nature et au temps. Son restaurant gastronomique est une alcôve de calme et d’intimité.
Le menu "Lune" (119 €), décliné en quatre temps, suit le rythme secret des astres — changeant tous les 29,5 jours.
Pour célébrer le commencement, un champagne Nowack Fontinette : un Pinot Meunier aux bulles fines, entre tension et rondeur. Puis nous optons pour un rouge élégant, le Menetou-Salon "35 rangs" de Philippe Gilbert, tout en douceur et en fruité.
Dès l’amuse-bouche, les sens s’éveillent : chèvre et échalote dansent sur un cracker au quinoa, alliance de simplicité apparente et de richesse inattendue. Les textures jouent, les saveurs éclatent, le ton est donné.
Puis, un hommage aux origines monastiques du lieu, le rituel Fontevriste : soupe et pain. Mais ici, réinventé avec grâce avec un velouté de patate douce violette, légèrement floral, accompagné de pain croustillant et d’un fromage frais niché dans une tuile. Étonnant, presque mystique. Un pont entre les âges.
L’entrée suivante est un carpaccio de Saint-Jacques. Leur tendresse se heurte avec délicatesse au croquant du radis, dont l’amertume légèrement trop présente trouble un instant l’équilibre. Une note dissonante dans une symphonie presque parfaite.
Le poisson, un merlu d’une cuisson irréprochable, glisse en bouche, accompagné d’un roulé d’épinards et d’un beurre blanc aux arômes discrets, mais précis. Chaque élément s’accorde parfaitement.
Puis, le cerf au foie gras, un moment suspendu. La chair noble et puissante, s’allie à la douceur fondante du foie avec une justesse rare. Une alliance royale, un plat qui marque les esprits.
Avant le dessert, un souffle d’enfance réinventé : un cornet de glace, qui sert de transition.
Le dernier acte se joue autour du potimarron. Délicat, peu sucré, déroutant par sa subtilité, ce dessert conclut le repas avec une douceur discrète, loin des flamboyances sucrées habituelles. Une dernière touche de poésie, une signature du chef.
Le service discret a su accompagner chaque instant avec chaleur et justesse. Et les légumes, cueillis au jardin même de l’abbaye, apportent à l’ensemble une authenticité et un lien vivant entre terre et assiette.
En quittant la table, nous ne repartons pas seulement rassasiés, mais comblés. Fontevraud ne se visite pas, elle se ressent, se goûte, s’habite un instant. Une expérience rare, presque sacrée. Une rencontre entre la beauté, le silence et la cuisine.
Plus qu’un dîner, un moment suspendu entre grâce, gravité… et justesse.
















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