Dîner à PicaPica : entre découvertes et déceptions
- Occitanie
- 25 août 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 7 jours

Par une douce soirée d’été à Béziers, c’est chez PicaPica que nous choisissons de poser nos couverts. Niché sur l’une des plus belles terrasses du centre, ce restaurant de tapas, auréolé d’un Bib Gourmand, nous attire par sa réputation flatteuse. Aux commandes : Fabien Lefebvre, chef étoilé. La promesse est alléchante, celle d’une cuisine ensoleillée, aux influences méditerranéennes, célébrant le terroir avec finesse.
Nous nous installons, bercés par l’idée d’un festin tout en petites assiettes, rythmé par les vins du sud. La carte s’ouvre sur un éventail de tapas aux intitulés séduisants. Nous demandons la carte “réserve” des vins, curieux de découvrir des pépites cachées… mais elle s’avère étonnamment pauvre. Quelques références locales seulement, peu d’audace. Finalement, c’est un Morgon Vieilles Vignes 2021 de Jean-Paul et Charly Thévenet qui accompagnera notre repas. Un rouge souple, franc.
Le dîner s’ouvre doucement, avec des œufs mimosa au crabe bleu. Bien exécutés, plaisants à l’œil et en bouche, ils manquent cependant de saveur : le crabe, discret, semble s’être éclipsé derrière la rondeur de la préparation.
Viennent ensuite les croquetas de jambon, et là, le plaisir s’installe. Une panure légère et croustillante, une béchamel aérienne, des saveurs franches et équilibrées. Un vrai sans-faute, simple, mais maîtrisé.
Puis le poulpe à la gallega prend le relais. La cuisson est juste, les pommes de terre fondantes… mais l’ensemble reste timide. L’assaisonnement manque de nerf, le plat de caractère. Une partition jouée sans fausse note, mais sans émotion.
Et soudain, la révélation : les ravioles de chèvre, basilic et artichaut, nappées d’une émulsion citronnée. Une assiette poétique, toute en subtilité et en accords inattendus. La pâte fine, les parfums herbacés, l’acidité maîtrisée… Tout y est délicat, vibrant, harmonieux. Un vrai coup de cœur.
Mais la suite nous ramène brutalement sur terre. Après une attente de quarante-cinq longues minutes, les crevettes au romesco arrivent enfin, un peu tièdes. La chair manque de fraîcheur, la sauce trop concentrée en tomate, écrase tout le reste. La finesse s’efface, l’équilibre vacille.
Le plus amer reste à venir : l’agneau catalan façon kebab, une spécialité pourtant mise en avant comme l’âme du lieu. Hélas, ce "pica" s’avère être un échec cuisant. Une viande sèche, trop épicée, dans une pita dure comme un vieux parchemin, escortée d’une feuille de salade fanée. L’assiette semble sortie d’un autre lieu, d’un autre temps. Le désenchantement est total.
Une salade grecque au granité de tomate vient timidement refermer la parenthèse. Fraîche, simple, bien exécutée… mais bien loin de suffire à redorer l’ensemble.
Et pourtant, il y avait de belles promesses. Mais elles se sont diluées dans une expérience incohérente, marquée par un service désorganisé, des temps d’attente démesurés, et un manque criant d’attention en salle. Même nos demandes répétées pour une simple carafe d’eau semblent s’être évaporées dans l’indifférence.
PicaPica, sur le papier, avait tout pour séduire : un chef reconnu, une belle terrasse, un concept clair. Mais entre le rêve de gastronomie conviviale et la réalité du moment vécu, l’écart fut trop grand. Quelques belles idées, quelques plats qui brillent… mais un fil conducteur qui se perd, et un sentiment d’inachevé qui reste en bouche bien après la dernière bouchée.
Quelques instants de grâce n’auront pas suffi à masquer les dissonances d’un repas bancal : PicaPica laisse une impression floue, celle d’un lieu où le geste semble s’être détaché du cœur.
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